Ksar Lamaarka représente un des plus anciens ksour sultaniens de la dynastie alaouite dans la région de Meknès-Tafilalet au Sud-Est duMaroc.Les ‘Alaouites, originaires de Tafilalt attachérent une attention particulière à la construction des ksours sultaniens. Beaucoup d’entre eux sont nés au Tafilalt, un certain nombre y étaient gouverneurs. D’où la floraison des ksours sultaniens . Le meilleur exemple de ces ksours typiques est celui de ksar Lamaarka qui a été édifié par le sultan alaouite Moulay Ismail en 1721, pour loger un de ses fils, le prince Moulay Cherif venu se fixer dans la région attirée par la fertilité du sol, l’abondance des eaux et le charme de son paysage et ses palmiers .(clique ici : Bab Jdid Lamaarka] pour lire la suite).
- Origine du mot « Lamaarka » :
Le nom ne se fait jamais seul : Lamaarka acquit sa dénomination actuelle bien des siècles plus tard , dès le dix-huitième siècle. Mais quelle est réellement l’origine du nom « Lamaarka » ?
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- La première version propose le mot Lamaarka ou Al-Moaaraka en arabe qui signifie le débat ou la discussion . En effet ,il y a eu des grandes discussions et débats ou « batailles » religieuses et culturelles entre les savants musulmans ou « Fkihs » en arabe , fréquentant la mosquée du ksar et venant des régions voisines telles que le Tafilalet le berceau des Alaouites
- La deuxième version propose le mot Lamaarka qui signifie la bataille ou la dispute . Les gens des vilages frontaliers ou « Ksours voisins » emmenaient leur bétail pour s’alimenter des herbes sur les terres du sultan qui habita le Palais du ksar ; ce problème de pâturage poussa la population du ksar à se battre et se disputer avec eux pour quitter le territoire .Une seule valeur domine :le défit pour l’appartenance au territoir.
- Dans un cas ou dans l’autre et si tout cela était une histoire de bataille et dispute ou débats ? Cette dénomination fut héritée de nos ancêtres que donnèrent à ce petit village jusqu’à nos jours : Lamaarka fut toujours un lieu calme et serein ,un lieu tranquille et sans turbulence ,un lieu où le seul bruit fut celui de discuter l’islam et défendre la terre . Une terre paisible où les différentes religions ont cohabité dans une totale et durable paix des siècles durant.
Lamaarka: site stratégique et carrefour, était une jonction des anciennes routes caravanières sillonnant les oasis du sud et un passage vers le sud et les plaines du nord.
Architecture
Ornement à Dar Lakbira à ksar Lamaarka
L’ensemble architectural se compose de :
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- Une porte monumentale nommée Bab Jdid Lamaarka : de même architecture que celle de Bab Mansour à Meknès(clique ici : Bab Jdid Lamaarka] pour lire la suite).
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- Un palais nommé Dar lakbira : C’est « la grande maison » par le sens et par son architecture. C’est le lieu du pouvoir et la demeure du gouverneur « le prince » . Elle est entourée d’un ensemble de maisons accolées les unes aux autres .
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- Une ancienne mosquée éffondrée : Malgré la simplicité de sa construction dans la période précédente de la construction de la porte du palais , elle a joué un rôle culturel et religieux important, la plupart des érudits (savants) de la région se rassemblaient à l’intérieur, il a connu des batailles littéraires et doctrinales entre plusieurs sectes soufies ( savants )des régions avoisinant le ksar ,tels que Ibn Abd al-Sadiq et Moulay Abdullah Sharif.
La caractéristique la plus importante de son « Minbar » archéologique sauvegardé dans la maison d’un des descendants de la famille alaouite ,est l’inscription d’une écriture de fond qui renseigne sur la date de sa construction comme suit :
« بسم الله الرحمان الرحيم صلى الله على سيدنا محمد وآله، أمر بعمل هذا المنبر المبارك الكريم الخليفة العظيم مولانا الشريف بن أمير المؤمنين مولانا إسماعيل أدام الله علاه وأعانه على ما أولاه. انتهى منه ليلة القدر عام ستة وعشرين ومائة وألف… » qui signifie selon la traduction suivante : « Au nom de Dieu, la paix soit sur notre prophète Mahomet, sa famille, est l’œuvre de cette chaire « Minbar » du Saint Coran ,le calife « le prince » Moulay charif fidèle fils de Moulay Ismail, commandeur des croyants que Dieu l’aide et le garde. L’ayant terminé la nuit du destin ( ليلة القدر ) en mille cent vingt-six… »
La date de construction de la mosquée est 1126 de l’hégire qui correspond à 1714 , environ sept années avant la construction du Palais et sa porte Bab Jdid en (1721).
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- Des Maisons traditionnelles regroupées à l’intérieur dont les murs sont en pisé pour l’isolation du froid et de la chaleur .
L’ensemble de ces édifices forme un habitat compact entouré d’une muraille d’enceinte en pisé et jalonné de tours de guet qui ne font penser qu’au caractère défensif pour faire face aux intempéries et aux ennemis (contre les attaques des tribus nomades) régnant à l’époque. Cet habitat traditionnel a été favorisé par des facteurs physiques, historiques et socio-économiques caractéristiques de cette région.
Trace architecturalle à Dar Lakbira ancien palais à ksar Lamaarka
Malheureusement ,le ksar a subi un processus de dégradation massive affectant ses fondements et son cadre architectural, suite aux intempéries en particulier la grande crue dévastatrices de Oued Ziz du 5 novembre 1965 ayant occasionné des dégâts énormes dans toute la région . De nombreuses maisons se sont écroulées dans le ksar ;en particulier celles du côté de la palmeraie .Les habitants ne peuvent, comme leur ancêtre, continuer à vivre dedans et entretenir chaque année les façades et réparer les dégâts causés par les intempéries .Le travail de restauration et d’entretien devient très lourd , le ksar est déserté à partir des années 70 du 20e siècle ,par la majorité des familles pour construire à l’extérieur du ksar . Ce dernier est aujourd’hui laissé à l’abandon et tombe en ruine au risque de disparaître à jamais du paysage et patrimoine marocain .